🇫🇷 Peter Thiel: Les monopoles sont bons pour la société

Jean-Michel 🕵🏻‍♂️ Fayard - Apr 1 - - Dev Community

Peter Thiel est un milliardaire très puissant dans la Silicon Valley. Membre de la mafia Payal avec Elon Musk, il est devenu riche en tant que premier investisseur de Facebook avant de fonder Palantir Technologies, qui aide la CIA, NSA, FBI et la DGSI dans leurs programmes de surveillance de masse.

Peter Thiel est aussi l'auteur du livre "Zero to One" où il partage son opinion très claire et très personnelle sur l'utilité des monopoles

Editor Note: I am now cross-posting all my english and french content on DEV.to and on my website https://jmfayard.dev/

Zero To One - Peter Thiel

J’ai récemment à ma grande surprise créé un débat en énonçant ceci

“Facebook est en situation de monopole illégal”.

Alors je m’attendais à ce que soit la partie “illégal” qui fasse réagir, parce que c’est vrai, pour le prouver formellement, il faut des années et des armées d’avocats payées à un prix d’or.

Et clairement ce n’est pas ni mon domaine de compétence, ni ce qui m’occupe. Tout le monde savait en 2000 que Microsoft Internet Explorer était en situation de monopole illégal officieux, mais cela a mis des années avant que la commission européenne parvienne à en fair la démonstration.

Microsoft Corp. v. Commission (2007; T-201/04)

Mais non, c’est sur le concept même que Facebook, et les réseaux sociaux en général, aient une situation de monopole, qui a fait réagir.

Et pour le coup c’est très simple, parce que c’est parfaitement assumé.

Peter Thiel notamment ne s’en cache pas le moins du monde.

Qui est Peter Thiel ?

Peter Thiel est un idéologue et un milliardaire de la silicon valley.

Il s’est fait connaître pendant le boom de la silicon valley, à un moment où l’humanité venait de parvenir à unir ses forces pour accoucher d’une révolution : l’Internet et le Web.

La Californie, c’est le pays des ruées vers l’or. Que ce soit au dix neuvième, la ruée vers l’or décrite par Charlie Chaplin. Ou plus tard, la ruée vers l’or du cinéma d’Hollywood (dont Charlie Chaplin). Ou la révolution des semi-conducteurs. Et à la fin des années 90, une quatrième ruée vers l’or, celle de l’économie de l’internet et du web.

Pour “réussir” à ce moment crucial, il suffisait de pas mal de volonté, de chance, et d’une idée du type :

  • le web, c’est rĂ©volutionnaire (vrai)
  • les gens ont besoin d’une banque (vrai)
  • je vais crĂ©er une banque sur internet (l’idĂ©e).

C’est le moment où Elon Musk, Peter Thiel et d’autres créent une banque sur internet appelée X.com (déjà en 1999). X.com sera renommée Paypal, et deviendra ensuite une filiale de Ebay, au gran damn de ses fondateurs qui espéraient mieux, mais c’était la crise de la nouvelle économie.

La Mafia Paypal n’est pas devenue très riche sur ce moment, mais elle s’est serrée les coudes et l’est devenu par la suite.

La Mafia Paypal a joué un rôle décisif dans l’émergence des réseaux sociaux tels qu’on les connait aujourd’hui, de Facebook - et donc Instagram, YouTube, à LinkedIn, Reddit et récemment Twitter, depuis renommé à nouveau X.com, l’ancien nom de Paypal.

Peter Thiel a par la suite fondé Palantir Technlogies, une société de surveillance de masse.

The company's name is derived from The Lord of the Rings where the magical palantĂ­ri were "seeing-stones," described as indestructible balls of crystal used for communication and to see events in other parts of the world.

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est que

  • Peter Thiel est devenu très riche en tant que premier investisseur chez Facebook.
  • Peter Thiel est un “libertarian” qui n’hĂ©site pas Ă  assumer ses idĂ©es publiquement, souvent bien tranchĂ©es parce que c’est un “contrarian” qui va Ă  l’encontre du dogme de l’air du temps. Il a par exemple soutenu Donald Trump ouvertement, financièrement et sans complexe.

Ses idées font parfois polémique, comme cette citation sur l’effet négatif de l’état providence et du droit de vote des femmes :

"Since 1920, the vast increase in welfare beneficiaries and the extension of the franchise to women — two constituencies that are notoriously tough for libertarians — have rendered the notion of “capitalist democracy” into an oxymoron" Source

En l’occurence, il dit que la citation a été prise hors de son contexte et mal interprétée. Soyons fair play, et admettons.

Revenons Ă  son livre.

Peter Thiel : Zero to One

Aujourd'hui on va donc se concentrer sur ses écrits, son livre Zero to One, où le contexte est clair. Et où la suite dans les idées l’est tout autant puisqu’il est devenu riche en tant que premier actionnaire de Facebook.

Je vais me baser sur ce résumé trouvé après une recherche intense de 2 secondes sur Google.

Je pense que le résumé qui est fait dans cet article est “fair and balanced”, mais n’hésitez pas à me prévenir en commentaires si vous le trouvez biaisé.

Prenez un moment pour le lire.

Peter Thiel : Monoplies are good for societies


Que peut-on y apprendre ?

Les investisseurs préfèrent les sociétés profitables

Thiel observes that anyone starting a company needs to decide what kind of company to start. Of course, there’s only one kind of company that’s worth starting: a profitable one. To be profitable, your company needs to create something of value and monetize a portion of the value that it creates.

Ce que Peter Thiel dit c’est que les investisseurs préfèrent les entreprises rentables, et tout le monde est d’accord.

Qu’est-ce qu’une situation de monopole ?

In economic theory, “perfect competition” happens when there are many suppliers of a given product and there is no appreciable difference between their products. Thiel says classical economists consider this an ideal situation because the market is governed completely by supply and demand: If demand increases, prices will rise, motivating suppliers to increase production or new suppliers to enter the market. If supply overshoots demand, prices will fall and suppliers will cut back or go out of business. So in the long run, supply and demand remain perfectly in balance.

When supply and demand are perfectly in balance, suppliers are just breaking even on production costs, not making a profit.

Ce que Peter Thiel énonce ici, cela n’est rien d’autre que la théorie économique de la concurrence pure parfaite qui date de 1921.

Dans une situation de “concurrence pure parfaite”, l’option d’aller voir ailleurs chez un concurrent fait que les marges sont faibles voir nulles.

Ce qu’il dit est aussi en cohérence avec l’analyse politique mainstream.

Les Robber Barons et la régulation anti-trust

Alors bien sûr, la concurrence parfaite n’existe pas dans la nature, les entreprises vont vouloir fausser la concurrence pour moins en subir les effets autant que faire se peu. Et partant de pouvoir améliorer leurs marges. Les Robber Barons - industriels de grand chemin - ont marqué l’histoire du XIX aux Etats-Unis en faisant exactement cela.

https://en.wikipedia.org/wiki/Robber_baron_(industrialist)

C’est exactement pour cette raison que les États-Unis ont inventé la régulation anti-trust moderne, et n’ont pas hésiter à démanteler leurs plus grandes entreprises, à commencer par Standard Oil.

https://en.wikipedia.org/wiki/United_States_antitrust_law

Depuis l’ère Reagan, les États-Unis sont en retraits dans l’application des règles anti-trusts, mais elles n’ont jamais été abolies.

Et l’Union Européenne a pris le relais de l’autre côté de l’Atlantique depuis.

Jusque là, on est donc dans l’analyse mainstream.

Peter Thiel apporte quelques précisions.

Lying About Competition

Ce que Peter Thiel veut dire ici, c’est que la situation de monopole est très mal comprise.

Si il y a un seul restaurant anglais dans une ville, ce n’est pas une situation de monopole. La bouffe anglaise, tout le monde s’en passe très bien, et ne va pas hésiter à aller voir dans un autre restaurant dès que l’opportunité se présente. Et pourtant le restaurant anglais va claironner qu’il est le seul de la ville.

L’inverse est également vrai.

Une boite en situation de monopole ne va jamais dire qu’elle l’est, parce que, ben la régulation anti-trust existe, et que ce serait quand même ballot de l’avouer direct.

Par exemple, Apple ventera devant ses investisseurs le succès phénoménal de l’iPhone, mais si la commission européenne venait à l’interroger, elle dirait que l’iPhone n’est qu’un modèle de smartphone parmi des milliers, alors comment diable pourrait-il y avoir une situation de monopole ?

La réponse bien sûr est que l’Apple Store ET Google Play sont en situation de duopole sur le marché des smartphones.

Mais à nouveau, Apple et Google savent que la législation anti-trust existe tant aux US que dans l’UE, et ils ne sont pas assez bêtes pour s’auto-incriminer à l’avance…

Mais Peter Thiel, lui, est un “contrarian” qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Après avoir énoncé de manière sobre l’analyse mainstream, il va inverser complètement la conclusion qui en est habituellement tirée.

Monopolies Are Better for Society

Thiel observes that many Americans see monopolies as a bad thing, because the American economy is based on capitalism, and they associate capitalism with competition. He asserts that this viewpoint is flawed: The profit motive is what drives capitalism, and monopolies are the only type of business where long-term profits are possible.

Ce que dit Peter Thiel ici, c’est que le capitlisme est une bonne chose, qu’il est basé sur la volonté d’investisseurs comme lui d’avoir de larges profits à long termes. Il pense que les monopoles sont les seuls types de business qui apportent cette garantie. Il trouve donc dommageable la mauvaise réputation qu’ont les monopoles.

Il donne des exemples concrets de ce que la situation de monopole permet

  • payer davantage ses salariĂ©s
  • prendre des dĂ©cisions en faveur de l’environnement

Ok, donc il y a des avantages et des désavantages à la situation de monopole.

Des mauvais exemples historiques

Thiel concedes that not all monopolies are created equal. If a company manages to corner the market on the supply of a necessary resource and then arbitrarily raises prices, the company prospers at society’s expense. Understandably, historical instances of this have given monopolies a bad name, especially when companies cornered the market through dishonest means.

C’est là qu’on voit que Peter Thiel n’est pas stupide, parce que les contre-exemples de monopoles qui ne sont pas bons pour la société sont faciles à trouver.

Vous connaissez les Républiques Bananières de Costa Rica, Honduras et Guatemala ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/United_Fruit_Company

On sait ce qui distingue le bon hard rock du mauvais hard rock.

Q’est-ce qui distingue le bon monopole de Peter Thiel du mauvais monopole ?

Thiel contends that this can only happen in a static market. Vertical progress redefines markets and makes new resources available, so monopolies are always temporary. If you create a monopoly by inventing a revolutionary technology, your monopoly will only last until someone else invents a technology that eclipses it. 

The knowledge that your monopoly is temporary should motivate you to invest your profits in developing other new technologies. This kind of creative, technological monopoly that both drives and facilitates technological advancement is what Thiel advocates.

On s’en doutait, l’innovation, pardi !

Sans Facebook et les autres on en serait encore à l’âge de pierre.

Ceci dit, il y a un détail dans cet article qui pour moi torpille entièrement son argument que le monopole découle sur de l’innovation.

La bataille des brevets logiciels en Europe

Thiel brings up the subject of patents, remarking that patents exist because the government recognizes the value of temporary, creative monopolies. The opportunity to secure years of monopoly profits provides incentive to invest in research and development. And the incentive is recurrent because the patent is temporary. And even if patents weren’t temporary, every technology has the potential to be eclipsed by a better one.

Comment protéger le logiciel ?

Dans les années 2000, il y a eu un gros bras de fer entre

  • les partisans du status-quo, du système basĂ© sur le droit d’auteur (comme pour les Ă©crivains)
  • les rĂ©volutionnaires qui voulaient introduire les brevets logiciels (comme cela se fait dans l’industrie)

Il parait difficile de croire qu’un débat aussi abscons où tout le monde dit défendre l’innovation ait pu déclencher les passions. Et pourtant les différences sont significatives :

  • dans le cadre d’un brevet logiciel, c’est l’État qui accorde un monopole sur une idĂ©e. “Pour un temps limité”, ce que les opposants trouvent aberrants vu la vitesse Ă  laquelle l’informatique Ă©volue.
  • dans le cadre du droit d’auteur, on peut s’inspirer des idĂ©es des autres, on se contente de demander aux autres de ne pas plagier directement notre travail. Insuffisant d’aprĂ©s les partisans des brevets. Les opposants rĂ©torquants que un seul logiciel peut violer des milliers de brevets, et que seuls les avocats en sortiraient gagnants.

Au final, pourquoi changer un système qui marche pour un système potentiellement aussi dangereux pour l’innovation ?

Peter Thiel se présente comme libertarian opposé à l’intervention de l’état, comme chantre de l’innovation technologique.

Où est la cohérence à défendre le système des brevets dans le domaine du logiciel ?

Et bien elle est simple, l’idée même d’un brevet c’est que l’état garantit un monopole aux investisseurs pour une durée limitée, ce qui est plus lucratif, mais au-delà de cela, Peter Thiel pense que c’est une bonne chose pour la société.

Sur ce point, la démocratie en a décidé autrement.

La querelle des brevets logiciels en Europe a été tranchée. Les arguments des brevets logiciels n’ont pas convaincu, ils ont été rejetés clairement au parlement européen, et on est restés au système du droit d’auteur.

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